Savez-vous à qui vous avez affaire?
De la vengeance au don, de l’offense au pardon
Droit et Cultures
Pardonner, c’est renoncer au désir de se venger, c’est donc éviter de s’engager dans le cercle de la réciprocité négative. Or, il est difficile d’échapper à ce cercle vicieux sans accepter d’entrer dans le cercle vertueux de la réciprocité positive: voilà du moins la thèse que nous avons soutenue dans un premier travail sur la violence et le don, À charge de revanche.
Ici nous allons partir de cette même thèse pour entamer une nouvelle réflexion sur le pardon. Comment le passage de la vengeance au don se conjugue-t-il avec le passage de l’offense au pardon? Pour aborder cette question, nous commencerons par lire un vieux conte bouddhiste.
Il était une fois un prince indien qui s’appelait Dighavu. C’était un prince sans royaume parce que le roi de Bénarès avait conquis le territoire de son père...
Naissance du divin et psychose naissante
Intellectica
"Je suis Dieu. Je suis Dieu. Je suis Dieu", écrit le danseur Vaslav Nijinski dans ses Cahiers. Hélas, se plaint-il, sa femme le croit fou.
Si l'homme qui proclame sa propre divinité ne fait que révéler sa folie, cette révélation reste entourée de mystère. Comment naît-on à la folie? Afin d'y voir plus clair, nous allons prendre au sérieux le point de vue du fou et essayer de répondre à une autre question, aussi fondamentale qu'insolite: comment naît-on à la divinité?
Depuis Nietzsche, il a été beaucoup question de la mort de Dieu et relativement peu de la naissance du divin. Pour Durkheim, la divinité incarne la transcendance de la totalité sociale par rapport aux individus. Certains mythes védiques font entrevoir comment les dieux naissent de la collectivité. Nous confronterons ici ces mythes indiens aux récits des patients en psychose naissante pour suggérer que les délusions du fou traduisent son identification à la totalité des êtres humains, identification qui s'appuie sur des processus universels d'imitation...
Don d'organes et réciprocité non marchande
Revue du MAUSS
"Présenter quelque chose à quelqu’un, c’est présenter quelque chose de soi" : la formule célèbre de Marcel Mauss assume un sens tout à fait littéral dans le cas du don d’organes. Mais comment peut-on rendre un tel don?
Ron et Barb sont très amoureux. Ils seraient un couple heureux si Barb n’était pas souffrante. Ses reins fonctionnent mal. Ron donnerait bien l'un de ses propres reins à Barb s'il n'y avait pas une incompatibilité biologique entre les deux époux.
Mais Barb recevra un rein d'un donateur altruiste, et Ron rendra ce don en offrant un rein à un tiers dont la mère s'engage à passer le relais. Ainsi, Barbara Bunnell sera le premier patient à récevoir un rein au sein d'une chaîne de réciprocité ouverte...